Conference Programme / Programme du Colloque

 

HHH2023 – Programme du colloque

 

 

Ouverture du colloque dans le l’Amphithéatre du Batîment Recherche, Campus Croix-Rouge, Université de Reims

 

Mot de bienvenu par Madame la Doyenne de la Faculté Lettre Sciences humaines et les Organisateurs du Colloque

 

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1. Jean-Noël Robert – Collège de France

 

« Philologie et hiéroglossie »

 

S’il n’y a pas, au Japon comme en Chine, de véritable mythe sur la création du langage à proprement parler, certains éléments mythologiques incorporent fermement la langue japonaise dans le monde des dieux. Par ailleurs, un lent et long travail accompli au cours des siècles par les lettrés a établi une relation hiérarchique, à la fois permanente et fluide, entre la langue japonaise, la langue chinoise écrite, la langue « brahmique » (le sanscrit), relation ontologiquement fondée sur la doctrine d’origine bouddhique d’identification des divinités japonaises (les kami) et des entités bouddhiques (bouddhas et bodhisattvas). Elle s’est concrétisée par la « dialectique du wa (élément japonais) et du kan (élément chinois) » qui a amené un constant échange entre les deux dimensions langagières du Japon et qui a notamment mené à l’incorporation pour ainsi dire cryptée des doctrines bouddhiques dans la langue japonaise. Prendre conscience de cette « hiéroglossie » est donc un préalable nécessaire à toute philologie historique japonaise. Elle peut aussi servir, sinon de modèle, du moins de référence afin de décrire des situations linguistiques analogues pour lesquelles des termes comme diglossie, bilinguisme ou pluri- (ou multi‑)linguisme sont insuffisants.

  

2. Marc Ballanfat - Centre Sèvres

 

     La langue des Vedas est sans auteur: la sacralisation du sanscrit dans la philosophie indienne

 

L’école philosophique de la Mimamsa sacralise d’un même élan les compositions les plus anciennes de l’Inde, appelées « Veda », et la langue sanscrite qui les exprime. Pour cela, elle s’appuie sur un certain nombre d’arguments philosophiques qui consistent à démontrer que la parole védique est l’expression d’une puissance perlocutoire à l’œuvre dans la langue sanscrite. En effet, les énoncés védiques générés par le sanscrit ont la puissance de faire agir les hommes de façon inconditionnée ; ce sont donc des injonctions en vue d’un bien qu’elles seules sont capables de faire exister et de faire connaître. Or, ces paroles injonctives tirent leur triple puissance (de faire agir, exister et connaître) de la langue sanscrite. Par conséquent, il existe une langue, le sanscrit, douée de la puissance perlocutoire de commander aux hommes des actions obligatoires, les sacrifices. Si l’on demande d’où le sanscrit tire sa puissance, la réponse de la Mimamsa est claire : d’aucun être, ni divin ni humain (apaurusa). Car le sanscrit fait aussi connaître l’existence des dieux, l’origine du monde et de tous les êtres. Et il ne le ferait pas s’il n’était pas incréé, permanent, contrairement au monde des dieux et des humains. On comprend ainsi pourquoi la Mimamsa fait du sanscrit la langue sacrée de l’Inde.

 

3. Gabrièle Wersinger Taylor – Université de Reims

 

 «Principium, qui et loquor vobis» : De l’adresse apophatique

 

Résumé : Tout discours est adressé. Un destinataire, un allocutaire, une adresse est, plus qu’une hypothèse implicite, l’effet performatif irréductible et machinal de toute parole, même la plus négative, comme le discours nihiliste, ou encore le discours qui ne dit rien, ou qui parle pour ne rien dire, logou kharin. Qu’en est-il alors de l’adresse dans un discours apophatique qui vide le discours de ses énoncés et de toute référence à quelque chose ? La réponse à cette question est que le discours apophatique non seulement ne supprime pas l’adresse, mais la renforce, jusque dans sa dénégation. Plus je nie, plus je dénie l’adresse en refusant de la définir, de lui attribuer le moindre prédicat, et plus je l’ancre dans mon discours. Le discours théologico-apophatique, en l’occurrence celui de Denys l’Aréopagite ou celui de Eckhart, nie tous les prédicats attribués à Dieu parce qu’aucun de ces prédicats ne parvient à définir l’essence de Dieu, Dieu étant à jamais au-delà de tout ce que l’homme peut dire de Lui, Dieu ne se réduisant pas à un sens de l’être dont participent les étants créés. Or, on observe que ce discours apophatique loin de supprimer son énonciataire le renforce tout en le rendant indéfinissable et in-énonçable et son statut est celui d’un autre anonyme et inassignable auquel toujours je m’adresse. Un tel discours qui frôle l’athéisme au point d’en être suspect, revient pourtant à être une preuve de Dieu par l’énonciataire, plus efficace encore que la preuve classique de Dieu par les effets. Dans la perspective de ce colloque il s’agira d’interroger l’hypothèse selon laquelle tout discours serait en fin de compte une machine linguistique à faire des dieux, une théurgie discursive.

 

4. Mariapaola Bergomi – Università degli Studi di Milano

 

Dēlōsis of the Cosmos: Glottogonic Theories and Hieros Logos in Ancient Platonism

 

Abstract: “You have shown yourself at once poet, philosopher and hierophant” is the iconic sentence used by Plotinus to address his pupil Porphyry during the celebration of Plato’s birthday, as attested by Porphyry himself in his Life of Plotinus. This very definition seems to summarize and encode all the complexity and even the contrasting nature of Platonic epistemology. First coined by Ludwig Klages and discussed mainly by Jacques Derrida, the concept of “logocentrism” appears to be – at least in western scholarship – as the leading feature of the intellectual enterprise of the Platonic philosopher, who needs to describe and understand reality through the rational medium of language. However, reducing the complexity of ancient Platonism to such a paradigm is hardly tenable, as many studies have recently shown. First in Plato himself, but especially in late Platonism – meaning the Platonic philosophy during the Empire and especially the Neoplatonic schools – the presence of a different paradigm of knowledge and a radically different conception of language are strong. Rationalism and a descriptive conception of language coexist along with revelation, spirituality and a realistic or naturalistic conception of language. In my paper I shall reconstruct the tradition of the glottogonic theories in ancient Platonism, investigating how Plato and his heirs encompassed in their works a sacred notion of aletheia – the truth of the archaic masters, in Marcel Detienne’s words –, a cosmogonic conception of logos connected to Orphic and Pythagorean theories on language and meaning, and the tradition of the hieros logos that characterized both Olympic and chthonic Greek religion.

Keywords: language, gods, cosmos, sacred discourse, Plato, Platonism

 

5. Fionn Bennett – Université de Reims 

 

Agalmata phônéenta : Comment transformer les mots en des ‘effigies sonores’ de Dieu ?

 

Agálmata phōnēenta sont les mots grecs utilisés par Démocrite pour caractériser les « noms des Dieux » comme étant des « effigies sonores » de l’Être même de leur denotata. Pindare, Bacchylide et bien d'autres poètes utilisaient des qualificatifs semblables pour caractériser les vers « méliques » qu'ils chantaient comme contenant et en quelque sorte résonnant avec la voix du Divin in propria persona. Mais pourquoi ? Comment peut-on prendre au sérieux des affirmations sur les pouvoirs expressifs des mots et du langage aussi manifestement improbables ? Telle est l'énigme abordée dans cet article. Pour ce faire, il commence par examiner comment et pourquoi les Hellènes d'antan pensaient que le « mariage sacré » unissant le Ciel et la Terre dans une acte d’amour cosmique était censé avoir synthétisé toutes les « créatures d'un jour » qui peuplaient le mésocosme hébergeant leur Être-au-monde. Ensuite, il examine les techniques divinatoires utilisées pour accéder à et « couver » des informations sur le modus operandi de la fabrique du cosmos. Enfin, il examine les techniques de composition utilisées pour encoder et articuler l'intelligence surhumaine à laquelle seul le poète inspiré avait accès et qui seul était capable d'épi‑phoner à travers ses vers méliques « in‑spirés ».

 

6. David Bernard – Université de Rennes II

  

« D’Amour »

 

Argument: « Toute demande est une demande d’amour », énonçait Lacan. Voilà une de ces petites phrases dont il avait le goût, et dont il attendait qu’elles aient à la façon de l’inconscient, un effet d’énigme et de surprise. Encore s’agit-il ensuite de questionner les thèses qu’elles portent, et leurs fondements. Aussi tâcherons-nous d'éclairer ici, à partir de la psychanalyse, en quoi le fait d'entrer dans le langage, impliquera que l'on attende de l'Autre auquel on s'adresse, ce don d'amour, au-delà de tous les objets qu'on lui demande nommément. Nous commenterons aussi en quoi, fondamentalement, nous attendrons alors de lui, une réponse. L'Autre de la demande est celui auquel on prête ce « tout pouvoir de la réponse », Il y aura gagné chez Lacan sa majuscule.

 

7. Dr. Quinton Deeley – King’s College, London

 

 Revelatory Experiences and the Structure of the Self

 

 

Abstract: Reports of supernatural agents (such as God or gods, demons, or spirits) speaking or acting through humans are present across cultures and periods of history in experiences of revelation, possession, and mediumship. Indeed, revelatory experiences form a key part of the formation and development of major world religions through figures such as prophets, visionaries, and yogins, as well as in the religious practice of shamans and others in traditional smaller-scale societies. The messages conveyed through visionary and revelatory experiences typically bear an intelligible relationship to the personal or collective context of practitioners. Sometimes revelatory experiences are unbidden, but can also be evoked through prayer, meditation, ritual, the use of hallucinogens (such as ayahuasca), and the use of suggestion in hypnosis. Revelatory experiences raise several interlocking questions. How can such radical dissociations of self-experience arise, and why can they be evoked by such diverse means? Why are revelatory experiences such a widespread mechanism for the disclosure of salient information about the self and world? What influences their perceived individual or communal relevance?  And what distinguishes them from psychopathology?

 

8. Leslie Kimbaza Awassi – Doctorante – Université d’Anger

Langage Sacré et Célébration de la Nature: la ‘Green Corn’ cérémonie des Creeks

 

Au Moyen-âge, on observa un désenchantement de la nature, puis l’abandon progressif de l’idée de sanctuaire1. Le sanctuaire n’est plus le seul lieu de culte et de manifestation du numineux. Désormais, le lieu de cette manifestation est le corps du Christ par l’Église. À l’opposé, les récits originels des Amérindiens, par le langage mythique, prônent une déférence à la Terre révérée comme une entité souveraine sacrée et à la nature qui est un sanctuaire à ciel ouvert. Le Busk ou Green Corn Ceremony est l’expression de gratitude des Creeks aux pouvoirs du cosmos pour la première récolte annuelle de maïs. Le Busk symbolise d’une part un « temps » de révérence à la nature et de célébration du sens du sacré de la vie et d’autre part un « lieu » de pratique spirituel, puisque le sacré se manifeste au Dance Ground, lieu de danse autour du feu. Le Busk renferme les enjeux symboliques du temps hiérophanique mettant le croyant en communication avec la transcendance du cosmos. Nous chercherons à montrer que dans les religions amérindiennes qui n’acceptent pas la notion de sanctuaire, le langage sacré semble être un lieu-refuge et un sanctuaire. Nous démontrerons que ce moment de communion avec la parole divine devient un langage par lequel le sacré se manifeste. Le Busk permet de se replonger dans le sacré de la parole originelle, pérennisant un ethos amérindien éloigné des valeurs du christianisme ou des idées dominantes en Occident concernant le sacré de la nature.

Mots-clé : Green Corn Ceremony - Hiérophanie - Sanctuaire – Lieu Sacré – États-Unis

 

9. Giuseppe D’Ottavi – ITEM, CNRS/ENS, Paris 

 Le sanskrit éternel: langue sacrée, grammaire profane ?

 

Argument : Trois niveaux de sacralisation ont été décrits pour la langue sanskrite : l’éternité, la transcendance et la faculté salvatrice. La transcendance s’exprimant dans le cadre du rituel (la langue du rituel se détache de la langue ordinaire en vertu d’un pouvoir tant précis que caché), et la faculté salvatrice étant l’effet des opérations grammaticales (conçues comme actes de purification), l’idée du sanskrit comme parole éternelle descend du manque d’attribution à la langue de toute dimension historique. Dans notre communication, nous tâcherons d’argumenter que la condition de possibilité de l’analyse linguistique conçue et mise en œuvre par les maîtres védiques d’abord, et par les grammairiens de l’école pāṇinienne ensuite, réside exactement dans une reformulation du caractère d’éternité attribué à la langue lorsqu’elle devient objet d’étude. Le passage des textes védiques récités en continuité (saṃhitā-pāṭha) (les seuls ayant efficacité dans la scène rituelle) aux textes védiques récités mot à mot (pada-pāṭha) (les premiers dispositifs descriptifs) d’un côté, et l’élaboration du système dérivationnel par la tradition grammaticale de l’autre, sous-tendent, tous les deux, la prise en compte d’un niveau permanent, hypostatisé, de la langue : il faut que la langue-objet soit quelque part stable, éternelle dans le sens de permanente, pour pouvoir procéder à sa description sur base syntagmatique et dérivationnelle. Loin de représenter une démarche de de-sacralisation, l’approche grammaticale affirme une redéfinition de l’éternité de la langue : de l’idée d’atemporalité à une notion à teneur logico-opératoire. La « théologie du sanskrit éternel » serait ainsi la conséquence de la révélation du métalangage.

 

10. Silvia FrigeniHistoire des Théories Linguistiques (UMR 7597)

 

Le langage du sacré dans l’oeuvre d’Émile Benveniste

 

Le sacré et les mots qui entourent cette notion constituent une partie non négligeable de la production d’Émile Benveniste. Le linguiste leur porte une attention particulière dans la sixième section de son Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969), dédiée à l’institution de la religion. D’autres contributions à cette thématique sont présentes dans ses deux articles sur les termes indo-européens liés aux notions de blasphème et d’euphémisme, publiés en 1949 et en 1966, ainsi que dans son article consacré aux termes latins profanus et profanare, paru en 1960. Ces travaux d’étymologiste révèlent aussi une affinité avec la réflexion générale conduite par Benveniste sur l’énonciation, comme a été récemment souligné par Aya Ono (2012). En effet, selon le linguiste soit les mots qui relèvent du champ du serment, du juron et de la prière, soit le mot de Dieu lorsqu’il se manifeste sous forme d’expression prodigieuse (cela serait l’origine du mot latin prodigium) manifestent une puissance d’action qui renvoie à l’idée de la parole comme véritable acte linguistique. Mais quelle est la limite, et l’extension, de cette notion du sacré pour Benveniste ?

Cette communication vise à répondre à cette question, en retraçant les liens avec d’autres thématiques, comme la notion de la temporalité et celle du rituel, qui semblent liées au thème de l’énonciation du sacré. On considérera aussi comme pertinentes les potentialités d’expression linguistique émotive que le linguiste envisage dans les notations, jamais publiés lui vivant, consacrées à l’analyse de la langue poétique de Baudelaire.

 

11. Dr. Joeri Visser – Utrecht University

 

Bodies of Language: Antonin Artaud and the Expression of Life in Writing

 

Abstract: Antonin Artaud has struggled his entire life with his body and with language. Already in his early writings, but also in the cinematographic experiments and his conceptualization of the theater of cruelty, Artaud tried to find ways to adequately express the intensities of the flesh through which the unconceivable forces of life flow. These ungraspable forces are the disruptive and yet joyful manifestations of the vitality of matter and spring from the sacred ground in which the fullness of life is rooted. Eventually diagnosed with a delirious syndrome with paranoid structures and schizophrenia in the 1930s, Artaud experienced how language could be turned into an enemy which has the power to reduce him to a patient or a madman. Yet, at the same time, especially in the course of his later writings, Artaud had come to understood how this repressive language also has the potential to express the generative vitality of life (understood as ‘zoe’ rather than ‘bios’ and hence called a ‘zoological language’) by bringing forth a perpetually swelling, growing and vibrating foreign language within language. In other words, language has the power to codify, structure and repress life, but it also has the healing and liberating potential to express the intensities of the flesh, the vitality of matter and the fullness of life. In a post-secular society of absolute immanence where the secular becomes sacred, Artaud’s creative and cruel engagement with language – which I call practices of ‘crescive writing’ – is worth revisiting because it unleashes the vital forces of this sacred life.

Key words: A. Artaud - absolute immanence - zoological language - crescrive writing - flesh - madness

 

12. Corentin Bouquet – Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3

«Je suis Vates, Mage, Prophète, je suis voyant»: Poésie et vision dans la revue Le Grand Jeu

 

Argument : Le groupe du Grand Jeu est une avant-garde rémoise comptant parmi ses rangs des auteurs comme Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et André Rolland de Renéville. Dans une revue éponyme publiée entre 1928 et 1931, les collaborateurs des trois numéros s’appliquèrent à détruire dans un acte négateur la «pensée discursive et antimythique» qui éloignerait l’homme de lui-même, au nom d’une «mentalité» primitive par laquelle il renouerait avec le mythe envisagé comme point d’origine de la pensée concrète. En prenant compte de ces éléments, l’objectif de cette communication sera d’appréhender chez ces auteurs le concept de voyance qui doit mener l’initié sur la voie d’un éveil poétique à même de rendre compte de l’infigurabilité d’un univers illimité. Il s’agira en premier lieu de définir les différentes approches de l’illimité, a priori distinctes entre les membres du collectif, et de résoudre leurs supposées contradictions en les réinsérant dans une approche dialectique dans laquelle la voyance mènerait à l’ouverture de l’individu sur l’au-delà ou l’en-deçà du langage : au prix d’une négation absolue de soi et du monde, l’initié se fait « Poète », au sens où il voit dans acte hiérophanique «l’absurde […] le Mot-de-la-fin-de-tout sur le bout de la langue, mais imprononçable ». Afin de rendre sensible cette vision supérieure de l’univers dans lequel se fond la conscience, le « Poète » doit ensuite se faire poète et «évoquer dans une ombre exprès l’objet tu». Cette dégradation nécessaire de la vision est contrebalancée par l’union de la «Parole» avec le «Souffle», de laquelle (ré)émergerait la « vieille Danse dans le champ du langage » où la signifiance retourne sur ses pas et s’irréalise dans son accomplissement. Dans cette ronde primitive qu’est la poésie-vécue s’entrechoquent alors passé et futur, dans une inadéquation à soi fondamentale du présent vivant. 

 

13. Federico Salvaggio – University of Udine 

 

La Langue Arabe Restituée: the Adamic Language as Hermeneutic Norm in Sufi Qur’anic Exegesis

Abstract: Establishing itself as a respected field of scientific enquiry, modern linguistics rejected “toute une tératologie du savoir” (Foucault 1971, 35) which included the conjectures about the language spoken by Adam in his primaeval abode and its relation to later earthly human languages. Within the Islamic linguistic thought such an epistemological shift has never occurred and, especially within Sufi milieux, that concern about the nature of the first language of mankind, its ‘sacredness’, and its connection to the language of revelation remained at the core of linguistic speculations and hermeneutic practices. The proposed contribution will explore the symbolic relation, established, in the Islamic tradition, between the Adamic language and the Qur’anic language. A relation within which the Adamic language is not only regarded as the origin, in a chronological sense, of the Qur’anic language, but rather as its inner / hidden reality, in ontological and logical terms, and a sort of “norme idéale” for the interpretation of the sacred text of Islam (Arnaldez 1956, 47). Consequently, their entire exegetical endeavour exerted by scholars like Ibn ʻArabī (d. 1240) and his followers can be seen as an attempt to restore the primordial Adamic nature of Qur’anic Arabic. This is reflected in their conception of the intrinsic meaningfulness of linguistic forms (including single letters) and of the ultimate purpose of language which is primarily conceived of as a vehicle for divine revelation (and contemplation of divine realities) and never exclusively reduced to a mere tool for interhuman worldly communicative exchanges.

 

14. Flavio Pinto – Independent

The Religious Dimension of Speech and the Worship of the Goddess of Water in Sanskrit

 

Abstract: the paper examines the fundamental connection between the worship for the Goddess of the water and the sound of the words and their real meaning in Sanskrit. The method of the study is based on the analysis of the vocabulary of Sanskrit. The research takes the moves from the first letter of the alphabet, /ka/, whose meaning is both “sound”, and “water”. The analysis also considers the different meanings of the Sanskrit word /kara/, meaning “sound”, “letter”, “word”, and also “creation”, “act of worship”. The paper shows the manifestation of the sacred (hierophany) in the creation of the words. The Mother Goddess of the water – usually known as Sarasvati, one of Her very many names – appears to have played a fundamental role when considering a “speech” (saras) “pronounced” (vata). The results of the analysis are tested and confirmed in the second part of the paper where a few archeological evidence from ancient cultures are examined. In this section a few sacred “images” (rupa) are translated into “sounds” (rupa) and “words” (rupa), according to the simple Sanskrit linguistic equation: rupa = image = sound = word. The examples given are taken from the culture of the Etruscans (tomb Regolini Galassi) as well as from the Latin one. Finally, the most ancient sacred writing system – the Egyptian hieroglyphs – is examined showing its connection to the water Goddess as inspiration for the correct speech.

 

15. Rowan Elizabeth Cabrales – Vrije Universiteit Amsterdam

 

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